Les bâtiments

L’école

Lorsque Philippe André de Vilmorin meure en 1862, la famille opte pour une vente d’une partie du domaine à l’Etat qui en prend la gestion pour la création d’une école primaire de sylviculture en 1866. Débute alors à partir de cette époque une imbrication de très grandes activités publiques et privées, avec son petit-fils encore propriétaire d’une grande partie du « domaine National des Barres-Vilmorin ».

Il existe déjà une école forestière à Nancy pour former les cadres dès 1824, et des écoles secondaires de sylviculture ailleurs en France, mais il s’agit ici de former des brigadiers.

Le vieux château

Le « Vieux château » est l’un des bâtiments les plus ancien du domaine des Barres. Il fut la demeure de Philippe André de Vilmorin lors de son installation en 1820. Sa construction date de la fin du XVIIIe siècle, mais des propriétaires étant connus depuis le moyen âge (Les Barres), il est très probable que d’anciennes constructions aient existé puis aient été détruites par la suite.

Depuis la création de l’école primaire de sylviculture, le personnel de l’école utilisait ce bâtiment pour l’habitation et des salles de cours.

Mais il n’est plus utilisé depuis plusieurs décennies et il est susceptible d’être vendu ou détruit ! Le collectif est persuadé qu’il peut être mis en valeur pour accueillir une activité touristique, culturelle ou autre.

Le pavillon de l’Horloge

Autre bâtiment emblématique de la ferme des Barres, le pavillon de l’horloge est utilisé dès 1873 comme bâtiment d’enseignement de l’école primaire de sylviculture, puis est ensuite réaffecté à l’habitation lorsque de nouveaux bâtiments scolaires sont construits par l’Etat.

N’étant plus utilisé depuis des décennies et il est susceptible d’être vendu ou détruit. Le collectif est persuadé qu’une valorisation sur le plan touristique serait des plus pertinentes.

Le pavillon du directeur

Le pavillon du directeur symbolise le dynamisme de Constant Gouët, premier directeur de l’école des Barres. Nommé dès l’acquisition d’une partie du domaine par l’Etat en 1866, celui-ci ne peut ouvrir l’école comme prévu en raison de la guerre de 1870. Peu importe, on fait alors de la future école un hôpital temporaire.

Dès la guerre terminée, il ouvre comme convenu l’école primaire de sylviculture en 1873, mais son dynamisme va bien au-delà. Il créé une pépinière forestière, un laboratoire de graines connu dans toute l’Europe, une station météorologique dernier cri, un musée forestier et…un Arboretum qui fait encore le plaisir des visiteurs aujourd’hui !

La réussite est telle que l’Etat décide d’implanter une école secondaire de sylviculture en construisant de nouveaux bâtiments et cette magnifique maison d’habitation en 1882.

Celle-ci est aujourd’hui menacée de vente ou de destruction par l’Etat. Le collectif est totalement opposé à cette perspective complétement incompatible avec l’histoire du domaine.

Le pavillon Lorentz

Dès sa construction, ce bâtiment accueille l’école secondaire de sylviculture à partir de 1884. Le pavillon Lorentz symbolise l’engagement de l’Etat dans l’enseignement forestier, une dizaine d’année seulement après la création de la première école des Barres et au sortir d’une guerre meurtrière. Durant la guerre de 14-18, le domaine des Barres devient à nouveau un hôpital de guerre. L’ambulance des Barres est accueillie dans ce bâtiments.

Le pavillon Lorentz n’est plus utilisé depuis des décennies, il est susceptible d’être vendu ou détruit. Le collectif est persuadé qu’une valorisation sur le plan touristique serait très pertinente.

L’ambulance des Barres, pendant la guerre de 14-18

Depuis leur hôpital militaire installé dans le pavillon Lorentz, les blessés en convalescence s’occupaient avec de saines activités en constituant des cartes de vœux à base d’échantillons végétaux. Dans celle-ci on reconnaitra le gui, le lierre et la thuidie à feuilles de tamaris.

Le Pavillon du Jardinier

Le Pavillon du Jardinier était la maison d’habitation du responsable de l’entretien du Fruticetum Vilmorinianum, une collection d’arbustes créée par Maurice de Vilmorin à la fin du XIXe siècle. Célèbre dans le monde entier, elle a servi à la constitution de l’Arboretum de Chèvreloup. Elle fut cédée à l’état en 1921 par la famille de Vilmorin.

La ferme de la métairie

Cette photographie du début du 20e siècle nous montre l’ambiance de la ferme à cette époque. On aperçoit notamment une éolienne de type Bollée en arrière-plan. Ce type d’éolienne servait à pomper de l’eau. Nous sommes au point le plus haut du domaine à environ 148 m d’altitude. Le vent est donc potentiellement plus efficace qu’ailleurs et l’eau stockée dans les châteaux d’eau procure de la pression. Ce type d’éolienne fut produite à environ 350 exemplaires entre 1872 et 1933. Il en reste environ 80 dont deux dans un rayon de 3 kilomètres autour d’ici. Une à 1,5 km au sud (ferme des Billonnais) et une à 3 km au nord (Ferme de Praslins). Deux autres châteaux d’eau ont été construit sur le domaine des Barres pour fournir l’eau aux pépinières, l’un à l’actuelle pépinière d’INRAE qui était équipé d’un manège élévatoire (utilisant la force animale) et un autre au Fruticetum Vilmorinianum.

L’éolienne et les châteaux d’eau ont disparu aujourd’hui. Les bâtiments de la ferme sont affectés à INRAE et utilisés (à part le pigeonnier).

Le Pigeonnier

Le pigeonnier et le logis sont les plus anciens bâtiments du domaine encore existants. Ils datent de la seconde moitié du XVIIIe siècle. On peut observer sur le pigeonnier une collerette en ardoise. Celle-ci avait pour fonction d’interdire l’accès des nids de pigeons aux prédateurs du fait de sa surface glissante (Sauger, G., 2009).

Le pigeonnier est affecté à INRAE, mais le niveau de financement alloué aux organismes publics ne permet d’entretenir que les bâtiments essentiels à leur activité, or celui-ci n’est pas utilisé. Par manque d’entretien depuis des décennies, son état se dégrade.

Le collectif, en accord avec le président de Centre INRAE, recherche actuellement des financements et des compétences techniques pour le restaurer et lui donner une nouvelle fonction culturelle.

Le château

Il est construit entre 1891 et 1893 par le petit fils de Philippe André, Maurice de Vilmorin. Ce château bénéficie d’une extension entre 1910 et 1912 (une aile à l’ouest et une véranda (jardin d’hiver).

Cette photographie fait partie d’une série permettant de suivre toute l’évolution de la construction du château depuis les fondations en 1891, jusqu’à la fin du chantier.

Elle est abritée dans les locaux de l’IGN et sous forme numérisée dans les réserves de la médiathèque de Nogent, section « Vieux Nogent »

Photo actuelle (source wikimedia)

Le patrimoine forestier du domaine

Rubrique à venir avec les générations de pin laricio ; le conservatoire d’ormes ; le bois de la ferme ; les pelouses calcaires et la zone Natura 2000 ; ….

Géologie et Sol

Si l’on veut bien comprendre l’origine du Domaine des Barres, il faut s’intéresser à sa carte géologique, car c’est elle qui permet d’expliquer sa pédologie complexe et les raisons de l’implantation de la famille De Vilmorin sur ce site et toute l’histoire qui en a découlé par la suite.
Les couches géologiques les plus anciennes dates du Crétacé supérieur (100 – 66 millions d’année). Elles sont constituées de craie issue des dépôts maritimes et procurent des milieux riches.
Au Paléocène ou à l’éocène (66 – 34 millions d’années) un climat chaud et humide transforme les couches anciennes en argile à silex.

A la formation des Alpes, nous assistons à l’effondrement de la partie Est du domaine, au niveau d’une faille nord-sud. Des dépôts lacustres se déposent alors formant les calcaires de Beauce. Ce sont aussi des substrats à l’origine de terrain riches. Ils se sont formés à l’oligocène (de 34 à 23 millions d’années).
Nous avons ensuite la formation de limons sableux créée par altération, érosion et dépôts limoneux durant une longue période jusqu’à l’époque froide du Würm (x – 115000 – 11700 ans). Ils sont à l’origine de sols moyennement acides.
Et enfin des colluvions et alluvions de ruisseaux dans la vallée du Ronceau forment la couche FC dont les sols sont à la fois riches et humides. De Vilmorin, en s’installant sur le domaine des Barres pour tester les essences forestières utilisables en reboisement pouvait ainsi bénéficier de toute la gamme de sols moyennement acides à riches, des très secs aux très humides, mais ce n’est pas tout !

La carte des sols met en évidence la complexité des types de sols présents sur le domaine des Barres encore plus grande que ne permet de l’estimer la carte géologique qui apparaît un peu plus simple.
On retrouve bien les secteurs majeurs :

  • calcaire de Beauce d’origine lacustre à l’est
  • les sols alluviaux du marais des Fontaines
  • les sols bruns qui se sont formés sur les argiles à silex issus de l’altération de la craie.

Mais nous découvrons un secteur d’origine fluviatile nommés « molasse du Gâtinais » datant de 23 à 20 millions d’années (Aquitanien, Burdigalien) à l’origine des sols les plus acides du domaine des Barres (sols sableux, lessivés acides à podzolisation localisée). Ces alluvions ont pour origine le massif Central (comme ceux de la forêt d’Orléans) et c’est donc un ancêtre de la Loire qui les a transportés jusqu’ici…cherchez l’erreur car nous sommes dans le bassin versant de la Seine ! En fait, à cette époque-là, la Loire était connectée au bassin versant de la Seine actuelle en suivant une orientation nord et ne bifurquait pas encore vers l’ouest comme elle le fait aujourd’hui. C’est au Miocène moyen, il y a environ 15 millions d’année que cette bifurcation s’est produite. De Vilmorin bénéficiait donc aussi de sols acides pour ses expérimentations !

Origine du domaine

Le domaine des Barres (délimité en orange) a pour origine deux fermes. « La Grande métairie » et une seconde aujourd’hui incluse dans l’arboretum dénommée « Les Barres » toutes deux figurant en rouge sur la carte. Cette unification date de 1810 lorsque Charles-Guillaume Théremin les acquières toutes les deux. Ce domaine ainsi constitué change ensuite plusieurs fois de propriétaire en 10 ans avant d’être acquises par Philippe André de Vilmorin. Cette carte a été établie entre 1835 et 1845, elle prend donc en compte les premières transformations depuis l’acquisition par celui-ci (probablement des boisements et des plantations d’arbres d’alignement).
On observe peu de forêt sur les cartes d’état-major de cette époque (en vert), car nous avons alors atteint le minimum historique du taux de boisement en France (la quantité d’énergie tirée du bois étant alors très élevée). Celles qui figurent sur les cartes de cette époque sont aujourd’hui qualifiées de forêts anciennes, car on estime que si elles étaient encore présentes à cette époque, c’est qu’elles devaient être bien plus anciennes. Elles ont une importance pour la biodiversité car elles abritent une biodiversité spécifique, des espèces à faible capacité de dispersion qui n’ont pas la capacité de migrer rapidement dans les forêts récentes.


De Vilmorin étant grainetier du Roi, déjà propriétaire d’un domaine près de Versailles (à Verrière le Buisson) envisage de tester sur le domaine des Barres, une multitude de provenances de résineux exotiques pour la région (Pin sylvestre, Pin noir, Pin maritime), mais aussi de feuillus provenant d’autres continents. Ce n’est pas l’inventeur de cette méthode de reboisement pour parvenir à reboiser les landes après surexploitation des forêts. C’est De Buffon jardinier du Roi qui a testé cette méthode dans sa propriété de Montbard en Bourgogne en 1734, puis d’autres tels que Duhamel du Monceau au nord du département du Loiret à la fin du XVIIIe siècle, donc bien plus tôt que lui.
Là où il est novateur, c’est qu’il va tester non pas une provenance de chaque essence, mais une multitude originaire de toute l’Europe et sur une multitude de types de sols comme nous le faisons encore aujourd’hui pour faire face au dépérissement des arbres dû aux changements climatiques. D’où l’intérêt du domaine des Barres dans ce but du fait de la diversité des sols présents. Les plantations de cette époque peuvent être qualifiées d’Arboretum forestier (mini forêt d’une même essence ou variété). Elles ont donc un aspect de parcelles forestières et non de parc où le visiteur découvre une multitude d’essences en mélange telles qu’il en existera plus tard aux Barres. Nous pouvons encore observer des arbres plantés dans les années 1820, soit des individus survivants suite à des dépérissements (pin Maritime de 1828), soit en peuplement (Pin noir de la variété laricio)

Nous remarquons assez aisément sur la carte actuelle que le taux de boisement est beaucoup plus important (il a presque doublé en moyenne en France depuis cette époque passant de 9 à 17 millions
d’hectares). Ce fait est particulièrement vrai sur le domaine des Barres, mais c’est aussi vrai dans la campagne alentour dans une moindre mesure. Nous observons aussi que de nombreux bâtiments sont
apparus. Notamment, le château, les bâtiments du lycée, des bâtiments à usage professionnel et des habitations.

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